Histoire

Abbaye – ou Prieuré – de Beaufays

Un lieu chargé de la vie des hommes et des femmes qui y ont prié, soigné, accueilli, enseigné, pensé, cultivé la terre, drainé  les eaux, bâti, reconstruit, planté des arbres, depuis 900 ans…

En 1123 Robert et ses compagnons s’installent au lieu-dit « Bellus Fons » pour y construire un oratoire dédié à Notre Dame et un hospice pour l’accueil temporaire des indigents et des pèlerins. En 1215, un de ses successeurs, fait don au monastère de la forêt dénommée « Bellum Fagetum », signifiant « Belle Hêtraie », d’où vient le nom de Beaufays.

Les Chanoines adoptent la règle de Saint Augustin. Ils y vivent jusqu’à la révolution française, reconstruisant et rénovant les bâtiments au début du XVIIIe siècle, suite au tremblement de terre de 1692. Depuis, on admire les plafonds et les décors datés en 1701 pour l’église, 1733 pour les bâtiments conventuels. Ces travaux furent essentiellement menés par Henri de Goha, nommé en 1705 Prieur à vie et décédé en 1732.

La construction la plus ancienne parmi celles encore visibles aujourd’hui, est le donjon érigé au XVI siècle au sud du Prieuré. C’est sur ce donjon que se sont adossés les principaux bâtiments des XVIIe et XVIIIe siècles. Un fossé d’eau de près de cent mètres longeait également la façade. Les bâtiments de la ferme sont du XVIIe siècle et ont également été partiellement remaniés au début du XVIIIe siècle comme en témoignent les millésimes gravés sur les linteaux de certaines portes.

En 1796, le domaine est mis en vente publique, et racheté par un ancien chanoine et quatre des ses compagnons. L’église est quant à elle vendue à la commune et devient paroisse de Beaufays en 1804. Les bâtiments  sont alors rachetés et revendus cinq fois. Des Ursulines allemandes y construisent l’aile nord en 1875, pour y abriter un pensionnat de jeunes filles.

En 1890, le domaine est acquis par Adolphe Laloux, homme énergique et esthète qui restaure l’Abbaye et crée le parc à l’anglaise en comblant les anciens fossés , dessinant les chemins, n’hésitant pas à faire venir des arbres adultes tirés sur des rails.

Abbaye Beaufays donjon

Abbaye ou Prieuré ?

Le monastère de Beaufays était un “Prieuré” de chanoines réguliers de Saint Augustin. Le vocable “Abbaye” s’est toutefois généralisé au fil du temps, tant sur le plan local que national. On trouve ainsi une reference à “Abb. De Beaufays” sur les cartes Ferraris (1770-1778).

L’église du Prieuré

L’église Saint-Jean-l’Évangéliste se situe à l’extrémité sud-est du Prieuré.

L’édifice est mononef et se termine par un chevet plat. Le bâtiment d’origine, probablement de style roman, est reconstruit en 1701 selon les plans du frère Guillaume Cramion, religieux de l’ordre de Saint-François de Paul.

La tour carrée de l’église date du XVIIe siècle et s’appuie sur le chevet plat, prolongeant la façade sud vers l’est. Elle est surmontée d’un couronnement bulbeux octogonal, relevé après 1950, et d’un lanternon. La nef baroque est couverte d’une voûte surbaissée sur doubleaux et ogives (décorés de stucs Louis XIV) et retombe sur des pilastres d’ordre toscan. Le mobilier est caractérisé par un maître-autel à colonnes en bois peint, dont le centre est occupé par une imposante peinture représentant l’apothéose de St Augustin et attribuée à Theodore-Edmond Plumier (1671-1733). Plusieurs statues datant du début du XVIIIe siècle sont attribuées a Cornelis Van der Veken. Les lambris et stalles en chêne sont également du XVIIIe siècle ainsi que la chaire de vérité et les confessionnaux Louis XIV.

Ce joyau abrite également une théothèque en pierre du XVIe siècle et des orgues de 1742, signées du facteur liégeois Jean-Baptiste Le Picard.

L’église a été restaurée une première fois après les dégâts causés au début de la seconde guerre mondiale et une seconde fois après le tremblement de terre de 1983. Elle peut se prévaloir du prix du «Patrimoine Culturel 1991» et d’un «European Conservation Award». De nombreux concerts et récitals y sont organisés chaque année.

Pour plus de renseignements, nous renvoyons le lecteur au remarquable Carnet du Patrimoine rédigé par Julien Maquet et Pierre-Yves Kairis.

Eglise Beaufays
Orgue Beaufays
Eglise Beaufays